Palestine : réflexions des militants américains

Une intervention en 5 parties par Palestine Action US (1/3) :

"Le début de toute révolution est une sortie, une sortie de l’ordre social que le pouvoir a consacré au nom de la loi, de la stabilité, de l’intérêt public et du plus grand bien." - martyr Bassel Al-Araj

"Et il s’ensuit que si une chose n’est pas en train de se construire, elle est certainement en train de se décomposer - que la vie est une révolution - et que le monde mourra si nous ne lisons pas et n’agissons pas en fonction de ses impératifs." - martyr George Jackson

Cela fait 208 jours que le chapitre le plus récent et le plus horrible du génocide américano-sioniste à Gaza, qui dure depuis 75 ans, a commencé. Plus de 40 000 Palestiniens ont été martyrisés, mais le nombre réel de morts est probablement supérieur à 100 000. Malgré la mobilisation de millions de personnes à travers le monde, nous devons reconnaître que nous n’avons pas été en mesure d’arrêter le génocide - nous n’en avons même pas été proches. Il s’agit d’un échec, mais pas d’une défaite.
Il exige que nous reconnaissions nos erreurs et que nous recalculions notre stratégie pour gagner.

Après le 7 octobre, nous avons immédiatement reconnu la nécessité d’une escalade de la résistance à l’escalade de la violence de l’impérialisme. Inspirés par le succès de la campagne de Palestine Action UK, nous avons lancé Palestine Action US, un réseau d’action directe visant Elbit Systems, la plus grande entreprise d’armement sioniste au monde.
Au fur et à mesure que de nouveaux groupes d’Action Palestine se sont formés dans le monde, nos actions ont contribué au désinvestissement d’Elbit, à la baisse des bénéfices d’Elbit, à la vente d’une filiale américaine d’Elbit et à la fermeture définitive d’une autre usine d’Elbit au Royaume-Uni.

Grâce à nos nombreux essais et erreurs, nous avons également appris que les tactiques utilisées au Royaume-Uni, dont le système juridique et la structure économique sont très différents, ne pouvaient pas être simplement copiées dans le contexte américain. Au lieu de cibler uniquement Elbit, nous avons élargi notre champ d’action pour répondre à la tâche urgente de renforcer les capacités d’action directe et de militantisme du mouvement anti-impérialiste américain.

Nous intervenons à un moment où l’escalade est plus que jamais possible.
Le 15 avril, nous avons assisté à une action coordonnée mais décentralisée qui a conduit des personnes du monde entier à mener des actions directes contre des points de production et des réseaux logistiques, notamment des ports, des ponts, des fabricants d’armes et des institutions financières, ciblant ainsi les artères économiques mêmes de l’impérialisme.
Puis, le 17 avril, des étudiants et d’autres jeunes ont lancé des dizaines de campements de solidarité avec Gaza à travers les États-Unis, de Columbia à Cal Poly, occupant et barricadant des bâtiments, établissant des zones libérées et mettant en échec les invasions policières.

En quelques semaines, le mouvement anti-impérialiste dans le ventre de la bête a atteint un niveau de militantisme inégalé depuis des générations. Mais le génocide se poursuit et l’invasion sioniste de Rafah est imminente. Nous avons encore un long chemin à parcourir pour briser la machine de guerre.

Voici 5 de nos réflexions :

1.
Par-dessus tout, ESCALADER. Nous nous joignons aux appels à #Escalate4Gaza au-delà de l’action symbolique, parce que nous savons que le pouvoir ne bougera pas tant que nous n’aurons pas semé la peur dans le cœur de la classe dirigeante et que nous n’aurons pas fait peser une menace sur la reproduction du capital.
Comme l’ont écrit nos camarades de Within Our Lifetime, "Assez de formations à la désescalade ; où sont les formations à l’escalade !" L’escalade, c’est passer des rassemblements de masse aux blocages de masse des entreprises d’armement, des campements aux occupations de bâtiments, de la prise en étau par la police à la prise en étau à son tour.
La répression doit engendrer plus de résistance.

Nous ne désavouerons pas les actions entreprises pour intensifier la lutte, y compris les actions directes militantes. Notre notion de "sécurité" dans le noyau impérial est construite sur des siècles de cadavres, et ce cadrage libéral du "sécuritarisme" nous empêche d’escalader et de gagner, ce qui est notre devoir envers la Palestine et envers nous tous. C’est en escaladant que nous assurons notre sécurité.
N’hésitez pas à prendre plus de risques.

Une intervention en 5 parties par Palestine Action US (2/3) :

2.
Résister à la répression et abandonner les arrestations symboliques. Nous regrettons d’avoir parfois utilisé cette tactique auto-sacrificielle. Bien que les actions aboutissent parfois à des arrestations, et que ceux qui sont engagés dans une action sérieuse doivent se préparer à cette issue, l’objectif ne devrait jamais être de perdre nos organisateurs au profit du système carcéral. L’objectif devrait toujours être d’atteindre les buts que nous nous sommes fixés, puis de rentrer chez nous sains et saufs.

Nos actions les plus réussies ont été secrètes et décentralisées. Formez un groupe d’affinité ou une cellule avec des personnes en qui vous avez confiance, et passez à l’action ; lorsque vous êtes confrontés à la police, apprenez des tactiques pour vous protéger et protéger vos camarades - barricades, désarrestation, formations stratégiques et défense de la communauté (nous avons compilé de nombreuses ressources sur ces tactiques).
Comme l’ont écrit nos camarades de Cal Poly, "le mouvement pro-palestinien doit être un mouvement contre la police". Nous ne devons plus être une mer de sujets impuissants, quémandant des miettes et criant à l’injustice face aux brimades des porcs. Nous devons cesser de faire appel à la respectabilité des monstres, à qui nous ne devons rien.

3.
Enfoncer les portes de l’université.
A ceux qui tiennent les occupations de campus, votre première tâche est d’ouvrir le campus à la communauté et de rejeter la distinction entre les étudiants et les "agitateurs extérieurs".

Le mouvement populaire pour la Palestine est actuellement basé dans les universités, mais les étudiants ne sont pas les seuls leaders, et les non-étudiants possèdent un réservoir de connaissances et d’expériences pour étendre la lutte au-delà du campus. Nous devons créer notre propre "berceau populaire" de résistance. Les occupations les plus efficaces ont été celles où les étudiants ont noué des alliances solides avec des non-étudiants, et où ils ont relié la lutte pour la libération de la Palestine à la lutte contre le fascisme américain et les cités des flics partout dans le monde.

Une intervention en 5 parties de Palestine Action US (3/3) :

4.
La diversité des tactiques ne fonctionne que si nous renforçons le militantisme. Nous avons toujours appelé à un large écosystème de tactiques, des boycotts aux rassemblements de masse en passant par le sabotage et le démantèlement des infrastructures génocidaires.
Les actions clandestines doivent exprimer la volonté générale du mouvement et obtenir le soutien de ses organisateurs en surface. Tant que d’autres groupes n’interfèrent pas, ne font pas la police de la paix et ne cooptent pas notre militantisme, nous devons construire une unité aussi large que possible, inspirée par le concept d’"unité des champs" de la résistance palestinienne, selon lequel, malgré nos idéologies différentes, nos objectifs à court terme et nos lieux d’implantation, nous pouvons tous travailler à un objectif commun.
Nous avons besoin de personnes qui s’occupent du soutien aux prisons, des médias, de la collecte de fonds et de l’aide aux communautés, mais il est temps que nous soyons plus nombreux à monter en première ligne.

5.
Les États-Unis ne sont pas exempts de résistance. Il n’est pas sincère de glorifier la résistance palestinienne si, dans le même temps, nous n’élevons pas notre propre résistance ici. Le siège de Gaza est une répétition de l’avenir que la classe dirigeante a prévu pour tous les peuples opprimés si nous ne résistons pas.

Lorsque nous nous engageons dans la lutte internationale de manière substantielle, nous récupérons notre pouvoir et notre humanité ; nous cessons de nous quereller sur les moyens futiles qui feront ou ne feront (presque certainement) pas honte à l’oppresseur et l’amèneront à faire des concessions raisonnables, et nous reconnaissons que la construction d’une infrastructure de militantisme pour la lutte plus large contre l’impérialisme et l’établissement d’un nouveau monde est la seule voie efficace que nous pouvons emprunter, et qu’elle est, en fait, la voie la plus facile et la plus douce.

Notre résistance au génocide de Gaza est un élément de cet effort, ou c’est du théâtre.
Nous ne sommes pas assez naïfs pour penser que la révolution se fera par des moyens "pacifiques" ou des soulèvements spontanés sans militantisme organisé.

Nous ne pensons pas non plus que l’avant-garde autoproclamée de la gauche "organisée", les étudiants bureaucrates et les beaux parleurs sans une once d’expérience en première ligne, soient capables de fomenter le type d’organisation réellement nécessaire en ce moment. Les nouvelles formes de leadership et d’initiative émergeront de ceux qui sont barricadés à l’intérieur des salles de classe, de ceux qui portent des boucliers, de ceux qui repoussent les grenades lacrymogènes.

Les mouvements rebelles doivent se préparer à se défendre contre la répression pendant l’état de siège et à "déjouer, épuiser, démoraliser, confondre et dominer la puissance répressive de l’État". Ceux qui ne croient pas que cela est possible ne croient pas que la révolution est possible".
Nous savons que la révolution aura lieu de notre vivant.
Nous ferons en sorte qu’elle se produise.

Palestine Action US est un réseau d’action directe qui perturbe et démantèle le sionisme et l’impérialisme américain. Rejoignez-nous en menant des actions autonomes. Vous pouvez soumettre vos actions à palestineactionus@proton.me.